Votre langue maternelle façonne votre apprentissage des langues européennes
Pourquoi certaines langues nous semblent-elles plus faciles que d’autres ?
Un Français trouve souvent l’espagnol plus « instinctif » que l’allemand. Un Roumain comprendra intuitivement un texte en italien. Ce n’est pas un hasard : notre langue maternelle agit comme un filtre d’apprentissage. Dans un continent aussi plurilingue que l’Europe, cette influence joue un rôle crucial. Voici pourquoi, et comment mieux en tirer parti.
Votre langue maternelle façonne votre apprentissage des langues européennes
Pourquoi certaines langues nous semblent-elles plus faciles que d’autres ?
Un Français trouve souvent l’espagnol plus « instinctif » que l’allemand. Un Roumain comprendra intuitivement un texte en italien. Ce n’est pas un hasard : notre langue maternelle agit comme un filtre d’apprentissage. Dans un continent aussi plurilingue que l’Europe, cette influence joue un rôle crucial. Voici pourquoi, et comment mieux en tirer parti.
Langue maternelle et proximité linguistique : un avantage naturel ?
Plus deux langues se ressemblent, plus leur apprentissage mutuel est fluide. C’est ce qu’on appelle la « distance linguistique ». Les langues romanes comme le français, le savoyard, l’occitan, le piémontais l’italien, l’espagnol, le portugais, le roumain, partagent un socle commun lexical, grammatical et phonétique. Pour un francophone, apprendre le catalan revient souvent à « reconnaître » la langue, tant les mots sont transparents (« importante », « université », « famille »…).
En revanche, le passage vers une langue germanique (comme l’allemand ou l’anglais) exige un décentrement plus fort : nouvelle structure des phrases, nouveaux sons, nouveaux réflexes grammaticaux. L’apprentissage devient un travail plus conscient, moins intuitif.
Dans certaines régions frontalières comme la Savoie, cette proximité linguistique prend une forme particulière : le savoyard, fait partie d’un continuum linguistique avec le piémontais et l’occitan. Ces parlers partagent une intercompréhension naturelle, facilitant l’apprentissage des langues latines voisines et révélant la richesse cachée du patrimoine linguistique européen.
Langues cousines : attention aux faux amis !
Apprendre une langue voisine peut sembler plus simple… mais gare aux pièges ! Les « faux amis » abondent. En espagnol, « embarazada » ne veut pas dire « embarrassée » mais « enceinte ». Le danger, c’est la confiance excessive. On croit comprendre, on reproduit, on se trompe.
Autre exemple : l’usage du subjonctif. Commun à plusieurs langues romanes, il varie pourtant en fréquence et en contexte. Le francophone devra réapprendre à l’utiliser à l’espagnole ou à l’italienne. Bref : les similarités aident, mais peuvent aussi induire en erreur.
Intercompréhension : comprendre sans parler
Et si vous pouviez lire un texte portugais sans jamais avoir appris cette langue ? C’est le principe de l’intercompréhension : une compétence qui permet de comprendre des langues proches de la sienne sans les parler activement.
Très exploitée dans les programmes européens, notamment pour favoriser le plurilinguisme citoyen, l’intercompréhension s’appuie sur des compétences de reconnaissance, d’analyse contextuelle et de logique linguistique. Elle permet à un locuteur italien de comprendre un conférencier espagnol, ou à un francophone de lire un article en roumain avec un minimum d’efforts.
Apprendre une langue, c’est aussi se redécouvrir
Chaque nouvelle langue offre un miroir à notre langue maternelle. En découvrant d’autres manières de structurer la pensée, on prend du recul sur ses propres automatismes.
Les langues latines, par leur proximité, permettent ce jeu de miroirs avec subtilité. Elles nous aident à affiner notre oreille, notre grammaire, notre compréhension de ce qu’est une « langue ». En valorisant l’intercompréhension, en acceptant les différences tout en capitalisant sur les similarités, on transforme l’apprentissage en véritable compétence européenne.